Antanarivo, 26 avril
Il est environ 6H30, dire que je suis encore dans le brouillard serait un euphémisme, mais déjà, j’entends la ville qui s’éveille. D’abord des voitures, des gens qui parlent, les « rabatteurs-contrôleurs-encaisseurs » des bus qui annoncent les quartiers desservis. De la petite ruelle où nous sommes c’est un bruit de fond qui s’amplifie de minutes en minutes. Puis viennent les « crieurs » qui sillonnent les rues en proposant leurs services : ramassage du papier, charbon, plomberie … des enfants souvent, s’annonçant tout au long de leur parcours en espérant qu’une porte s’ouvre. Les malgaches sont plein de ressources, j’aurai l’occasion de le vérifier tous les jours durant mon séjour.
Il est presque 8H, la ville est bien réveillée, pour le compte, moi aussi ! Pourtant je serai bien resté au moins quelques heures de plus sous le drap, ici, pas besoin de couette. Mais bon il y a plein de choses à faire : trier ce qu’on amené, faire du change, trouver une puce téléphonique … alors autant s’y mettre.
Vers 9H30, les enfants dorment encore, pour moi, c’est la première sortie. Tante Joéline m’accompagne vers une boutique de téléphonie. Au détour de la mosquée, je comprends tout de suite pourquoi ce bruit de fond. Devant moi, une grande place fourmillant de gens tous plus occupés les uns que les autres : laveurs de voitures, chauffeurs de taxi, vendeurs de toutes sortes de choses, des files de minibus, une circulation énorme … et ce sera comme çà tout au long du trajet malgré des itinéraires différents à l’aller puis au retour après un petit détour le long du canal pour aller faire la connaissance de Hanitra ma cousine. Tout le monde n’est pas en vacances, elle est pas là au travail, mais je rencontre son mari et ses enfants, ici, comme chez nous, ce sont les vacances scolaires.
Retour vers le canal le long duquel je prends conscience des difficultés que rencontre ce pays. Je ne souhaite pas entrer dans les détails, mais entre les étals des petits marchands, à même le trottoir, vendant de tout et de rien : fruits et légumes, vêtements, ferraille, objets de récupération de toutes sortes … , certaines scènes me laissent entrevoir la misère extrême que connaît une partie de la population. Sur le trottoir d’en face, de petites boutiques comme on en voit dans toutes les villes de Madagascar et sur la rue, toujours cette circulation très intense mêlant les taxis – essentiellement des 4L et des 2CV – , les voitures particulières, les charrettes à cheval, à zébu ou à bras, les piétons quittant les trottoirs encombrés, les porteurs avec leurs colis souvent très encombrants, et ces gros 4×4 nombreux qui contrastent avec l’environnement urbain.
Il fait très chaud, Joéline pense que « je » suis fatigué, nous rentrons en bus. Là encore, une expérience inattendue. Ce sont des minibus comme on en voit partout, à l’intérieur, de chaque côté, une rangée de sièges. Au moment de m’asseoir, je m’aperçois qu’il y a deux sièges de chaque côté. Qu’importe, on va se serrer. Nous sommes déjà plus de 20 passagers quand d’autres montent. Le préposé leur tend alors une petite planche qu’il faut mettre entre les deux rangées pour s’asseoir. Je confirme, il va falloir se serrer ! Circulation oblige, Tana ayant abandonné les bus de ville tels que nous les connaissons, c’est comme ça dans tous les bus, la plupart disposant tout de même de strapontins à la place des planches. Quelques passagers doivent rester debout, nous sommes plus de 30 en comptant le conducteur et le préposé à l’encaissement (vous savez le « rabatteur-contrôleur-encaisseur »).
C’est certain, il va falloir s’acclimater, s’habituer et s’adapter.
Nous arrivons, les enfants sont levés, ils sont ravis d’être là et de faire connaissance avec nos hôtes.
Je crois qu'il apprécie.
Le reste de la journée sera occupé à trier les affaires et refaire les valises en fonction de l’utilité et la destination de leur contenu en non en fonction du poids, petite pose lors du passage de ma cousine Lydia.
Ce soir, je suis à plat. Nouvel orage et au lit de bonne heure.
Didier